eremy Burgess : "Valentino essaye de faire quelque chose dont il n'est peut-être plus capable"
18/11/2013 17:15ExclusifGilles Della Posta6
GP-Inside : Jeremy, quelques jours se sont écoulés depuis l'annonce de votre séparation avec Valentino Rossi, on imagine que vous avez eu un peu de temps pour penser à cette décision et à ce qu'elle implique pour vous ?
Jeremy Burgess : "Oui, sur le coup, ça a été un vrai choc. Je lis beaucoup de biographies et je savais que cela pouvait arriver même si je ne m'y attendais pas. Je sais que les sportifs de haut niveau, lorsqu'ils approchent de la fin de leur carrière, sont souvent tentés de changer d'entraineur. Un ami, Darren Cahill, avait été recruté par André Agassi pour l'entrainer lors de ses deux dernières années. André voulait poursuivre sa carrière mais le changement d'entraineur n'a pas abouti à ce qu'il espérait. Dans le cas précis de Valentino, il veut, il croit, ou il a besoin d'un gros changement pour tenter de retrouver le statut qui était le sien. Il sait qu'il prend un gros risque mais il a besoin de tenter quelque chose. De ce point de vue, et avec ma connaissance de ce que font les autres sportifs de haut niveau, je comprends ce qu'il essaie de provoquer".
Jeremy Burgess: "Je peux simplement dire que je l'espère, et que c'est sans doute la bonne décision".
GP-Inside : Vous l'espérez vraiment ?
Jeremy Burgess: "Oui vraiment. J'ai un respect immense pour Valentino, pour ce qu'il a fait dans le passé, car il a accompli des choses merveilleuses. Mais on sait également qu'il est aujourd'hui beaucoup plus proche du terme de sa carrière que de ses débuts. Comme tous les sportifs qui arrivent à ce stade de leur vie, il ne comprend probablement pas pourquoi ses adversaires sont plus rapides que lui. Lui, il se dit : "Je suis certain d'en être toujours capable, je peux soulever 60 kg à bout de bras, je peux faire tout ce que je faisais il y a 10 ans, et il y a même des choses que j'arrive à mieux faire". Mais quelque part dans le "processeur Valentino", les informations n'arrivent plus aussi vite. En Australie, on dit que le "gène de préservation" se met en fonction dans le cerveau à partir de la trentaine, c'est là qu'ils deviennent plus vulnérables, et on voit ça chez tous les sportifs".
GP-Inside : Et vous n'avez aucun ressentiment sur cette décision ?
Jeremy Burgess : "Absolument aucun. Si cela fonctionne, ce sera parfait. Cela signifiera que c'est dont il avait besoin et j'en serai très heureux. Et si cela ne fonctionne pas, cela fera partie des choses qu'il fallait essayer. Quoiqu'il arrive, pour moi, c'est une décision qui est positive car elle apportera des réponses".
GP-Inside : Si Valentino remporte le GP du Qatar, en ouverture de la saison 2014, comment le vivrez-vous ?
Jeremy Burgess: "Je serai réellement très content que cela arrive ! J'étais ravi quand il a gagné à Assen cette saison. Mais le principal, c'est d'arriver à être constant sur les 18 épreuves du championnat. Et c'est sans doute précisément dans ce domaine que les sportifs en fin de carrière souffrent le plus. Il sera toujours capable d'associer tous les éléments sur un week-end de course, mais pas forcément sur une saison entière. Et surtout la pression qu'il doit subir maintenant de la part de pilotes comme Lorenzo, Marquez ou Pedrosa est colossale. Ils forment un groupe de 4 pilotes au-dessus du niveau des autres, mais Valentino n'est pas suffisamment proche de la 3ème place à chaque épreuve. Si on regarde ce qu'il s'est passé à Valencia durant la 4ème séance d'essais libres, Valentino a été le plus rapide dans certaines sections du circuit. Ensuite, 15 minutes plus tard, en qualification, les autres ont été capables d'améliorer de 3/10èmes de seconde dans un seul secteur, alors que notre chrono n'a progressé que de 1/1000ème... On sait qu'ils roulent avec les mêmes machines, il n'y a pas de "super-réglage" pour la qualification, ce sont exactement les mêmes motos que 15 minutes plus tôt, donc ils arrivent à aller chercher autre chose. On ne sait pas ce que c'est, mais si on arrivait à le savoir et à le mettre en bouteille, on gagnerait des millions de dollars ! Ils ont ce petit truc en plus..."
GP-Inside : Valentino n'était pas chez Yamaha ces deux dernières années, on dit que la M1 est donc faite davantage pour Jorge Lorenzo que pour Rossi, qu'en pensez-vous ?
GP-Inside : Au détour de certaines de vos réponses, on a le sentiment que vous êtes soulagé par la décision que Valentino a prise, c'est exact ?
GP-Inside : Vous pensez qu'il risque de quitter sa "zone de confort" pour entrer dans une "zone de danger" ?
Jeremy Burgess: "Je ne veux pas parler de "zone de danger". On sait que les sports mécaniques sont dangereux. On ne peut pas déplacer un corps humain à de telles vitesses sans risque. C'est important de toujours garder ça à l'esprit. Barry Sheene disait : "Plus tu passes de virages dans ta vie, plus la probabilité d'être impliqué dans un accident est importante". On fait en sorte que tout se passe bien. Mais tous les pilotes doivent comparer leur implication, qui est de 100% pour Valentino, et les résultats qu'ils obtiennent en retour. Si, en me donnant à 100%, sans qu'il me soit possible de donner un fragment de plus, je ne parviens pas à obtenir le résultat que j'espère, c'est que le moment est venu de remercier tous ceux qui vous entourent et de se retirer en laissant le souvenir du grand champion que vous êtes. Peu importe que vous fassiez du football, du baseball, du cricket ou du basket-ball, chaque athlète, doit, à un moment dans sa carrière, prendre ce genre de décision. Je ne sais pas si Valentino doit prendre cette décision maintenant, mais il devra le faire un jour où l'autre. Il ne faut pas avoir peur de cette décision parce qu'on sait très bien, dès que l'on commence dans une voie, qu'il faudra arrêter un jour".
GP-Inside : Quelle a été la réaction des autres membres de l'équipe Yamaha ?
Jeremy Burgess: "J'ai parlé avec Nakajima (le responsable de l'équipe Yamaha Factory, NDLR) et chez Yamaha, ils sont sous le choc de cette nouvelle. Cela étant, quand on a un pilote comme Valentino, votre devoir est de mettre toutes les chances de son coté sinon cela ne peut pas fonctionner. Je crois que tout le monde est impatient de savoir ce qui va se passer. On sait que la moto est capable de gagner des courses, on le voit grâce au travail de l'équipe qui est de l'autre coté de notre garage. Il faut surtout souhaiter que Valentino puise suffisamment de motivation dans ce changement, que cela lui donnera l'impulsion dont il a besoin pour gagner en 2014. Cela va encore être une très longue saison pour tous les pilotes. On a vu que beaucoup d'entre eux se sont blessés cette année, ce que nous avons réussi à éviter, et pourtant nous ne sommes que 4ème du championnat. Ces garçons là, Lorenzo, Marquez, Pedrosa, sont redoutables"
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